Rencontre avec Vincent Salimon : « BMW va très bien ! »

BMW va très bien. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Vincent SALIMON, Président du Directoire de BMW Group France. Rencontré dans le cadre des essais de la nouvelle BMW Série 1, nous lui avons posé quelques questions…

BlogBMW : Comment va BMW Group France ?

Vincent Salimon : Nous allons très bien, MINI va faire une année record, tout comme BMW Motorrad (+8% par rapport à l’an dernier). BMW est dans un cycle un petit peu plus compliqué mais avec l’arrivée de la nouvelle Série 1, du nouveau Touring Série 3 et le X1 Facelift, la machine commerciale va se relancer, surtout que la marque a manqué de production sur la fin de la carrière de l’ancienne Série 1 F20 pour le premier semestre. De fait, la marque va reprendre des parts de marché et sera en progression sur la fin de l’année par rapport à l’an dernier.

BlogBMW : BMW ne perd-elle pas un peu son âme avec une Série 1 devenue une traction ?

Vincent Salimon : Il faut évoluer avec son temps. Ceux qui ne l’apprécient pas aujourd’hui ne l’ont pas essayée. Je les invite à passer en concession pour une prise en main, et ils verront que le plaisir de conduire est toujours là, même en traction. Cette architecture fait gagner de l’habitabilité à l’intérieur sans avoir fait grandir la voiture. Et la nouvelle BMW Série 1 récupère presque toute la technologie de la marque. C’est un compromis entre le plaisir de conduire, l’habitabilité et la une technologie exclusive dans ce segment.

Francfort a été l’occasion pour de nombreuses marques de présenter leurs futurs modèles électriques… comment BMW voit l’avenir des motorisations ?

Francfort n’a pas été, pour BMW Group, le salon de la présentation de la stratégie électrifiée. Ce fut le cas pour d’autres marques mais pas pour nous, puisque nous l’avons lancée en 2007. L’i3 est arrivée en 2013, mais dès 2008 nous avions des MIINI électriques mises à disposition de certaines personnes pour mesurer leurs besoins en zone urbaine. Notre position est de dire « personne ne sait quel sera le besoin et le mix de telle motorisation dans les années à venir. » 

Toutefois, nous avons des plans et nous pensons vendre entre 15 et 25% de BMW et MINI électrifiées (hybrides et 100% électrique). En 2021, nous aurons livré 1 million de voitures électrifiées. Mais ce n’est pas à BMW de décider ce que l’automobiliste souhaitera comme motorisation dans le futur. C’est plus lié à ses besoins personnels et au décisions locales ou gouvernementales. 

De fait, notre approche est d’avoir l’offre de motorisation la plus large possible et la flexibilité industrielle la plus forte afin de pouvoir répondre aux besoins de chaque automobiliste. Nous croyons en l’électrique, pour des utilisations plutôt urbaines, à l’hybride pour un usage urbain et autoroutier, en l’essence car certains usages sont adaptés et au diesel, non pas pour une petite voiture urbaine, car ce n’est plus d’actualité, mais, pour des commerciaux ou des familles nombreuses qui font 22 000 à 28 000 km par an. Fin 2020, nous aurons une voiture, le X3, qui offrira les quatre motorisations.

Que pense BMW des salons de l’automobile ?

Il y a une réflexion chez BMW sur l’ensemble de nos investissements. Nous recherchons le retour sur investissement pour l’ensemble de nos actions marketing. Pour les salons, notre réflexion date déjà de trois ou quatre ans. MINI n’est plus au salon de Genève depuis plusieurs années. L’an dernier nous étions au salon de Paris avec BMW, mais plus avec Rolls Royce et MINI car nous avions sept nouveautés BMW à présenter. 

Notre position est de dire « arrêtons de faire ou refaire systématiquement ce qui a été fait l’an dernier ou il y a deux ans, travaillons notre plan marketing pour optimiser nos investissements et être présents là où les clients nous attendent ». Parfois c’est dans un salon, et nous verrons si nous serons à Paris l’année prochaine, la décision n’est pas encore prise, et nous pouvons être présents sur d’autres opérations en France ou en Europe.

BMW est un fabriquant de moteurs… que va devenir le métier de motoriste ?

Nous aurons besoin des ingénieurs de la marque, des techniciens et opérateurs. Nous investissons beaucoup pour leur formation. Un moteur électrique, il faut l’intégrer dans le châssis, tout comme la batterie. Il faut aussi intégrer les cellules et optimiser le plaisir de conduire électrique, ce qui est une des spécificités de BMW. 

Les SUV n’ont pas très bonne presse… BMW est-elle inquiète avec une gamme aussi grande ?

Pour BMW, il n’y a pas de risque parce qu’il y a un niveau d’investissement en recherche et développement et une efficience de nos moteurs qui fait que nos SUV sont performants. Je prends un exemple. La nouvelle 116d émet 98 grammes de CO2 au kilomètre. Le X1 16d sDrive varie de 107 à 116 grammes selon les dimensions des roues et des équipements. 

Les émissions de CO2 de la concurrence, à puissance équivalentes, de voitures compactes (pas de SUV) démontre que le X1 est très compétitif ! Oui, il peut y avoir un risque avec les SUV lourds, pas dynamiques, dont les moteurs ne sont pas efficients. Mais avec les SUV BMW ou MINI, le risque est limité et nous restons confiants pour l’avenir du SUV au sein de BMW Group.

Mercedes a reçu 870 millions d’euros d’amendes, trois grands cadres du Groupe Volkswagen seront traduits en justice bientôt… Comment BMW perçoit cette situation ?

Il ne faut pas généraliser. On parle d’un dieselgate et pas d’un BMWgate. Nos voitures ont été testées en Europe ou en France par la commission Royal. Nos moteurs sont efficients. BMW Group n’a pas utilisé d’artifices. La leçon que nous en tirons est que nous devons continuer à travailler sur notre stratégie, à investir comme nous l’avons fait et cela paiera à terme, voire déjà aujourd’hui dans nos résultats.

Propos recueillis par P. HORTAIL
Photos : BMW Presse