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BMW R32: La prouesse bavaroise au début du 20ème siècle

Nous sommes en 1923, quelques années après ce qu’on appelle la Grande Guerre. BMW étant un constructeur allemand et donc, avait perdu sa principale source de revenus à cause du traité de Versailles du 28 juin 1919 qui l’empêchait de produire des pièces et des moteurs dans l’aviation. Mais le constructeur bavarois avait eu une idée pour se relever, avec en figure de proue un certain Max Friz... Nom de code du projet: BMW R32.

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C’est donc dans ce contexte qu’un changement de stratégie allait s’opérer. La marque fût amenée à la création de petits moteurs industriels, deux ans après sa date de fondation. La Bayerische Flugzeugwerke (BFW) ayant été lancée le 7 mars 1916, donc en plein conflit. Avec des usines et une main d’œuvre ayant servie pendant la guerre et donc reprise en 1918… BMW allait toucher un marché plus civil. 

Dans tout ça, on avait un substrat idéal pour se diversifier et débuter une phase d’ingénierie sur ce qui allait devenir une référence pour les décennies à venir.

Un grand savoir faire

Vous avez l’entreprise, le contexte, le matériel, mais maintenant il faut une tête pensante. Heureusement que Max Friz allait être l’homme de la situation. Friz était connu pour son joli parcours professionnel, en ayant notamment participé à la conception des moteurs de course pour Daimler et en leur permettant de gagner le Grand Prix de France en 1914, juste avant le début de la guerre. Suite à quoi Friz aura changé de camp et décidé à 33 ans, de se s’associer avec son collègue, Karl Rapp (gérant de la Rapp Motorenwerke, la société qui plus tard allait devenir BMW GmbH).

Le début des hostilités

Et de cette union allait germer un savoir faire et un synergie qui allait permettre au constructeur bavarois d’écraser toute la concurrence, déjà en aviation et avec le lancement en 1917 du BMW IIIa, un 6 cylindres SOHC de 19.1 litres, refroidi par eau, avec un honorable taux de compression de 6,4:1 (ce qui était assez beau pour l’époque). Sortant une puissance estimée à 185 chevaux, il était puissant, mais en prime, apte à conserver son rendement en altitude grâce au brillant Friz, qui avait conçu un système permettant via un papillon lié au carburateur, de développer toute sa puissance en étant dans le ciel. Via un carburant à haut indice d’octane et un carburateur qui donc ajustant la richesse du mélange air carburant en fonction de l’altitude à laquelle le moteur était.

Cet avantage était la première preuve au yeux du monde du savoir faire de BMW. Tous les avions motorisés par BMW se montraient supérieurs en vitesse et en vitesse ascensionnelle (en écrasant sur le plan technique son concurrent, le Mercedes D.III). Même l’escadron du fameux Baron Rouge avait reconnu le génie derrière ce bloc, en l’ayant utilisé au travers de Junkers Ju F13.

Friz avait donc transformé l’essai et su montrer qu’il était un atout de choix dans l’équipe d’ingénieurs. C’est précisément avec ce bagage qu’il va imposer ses idées en lançant après la guerre, le projet de rentrer dans le commerce de la motocyclette.

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Le moteur M2B15

La première étape a été la production d’un premier moteur pour générer des recettes. D’une architecture flat twin (assez reconnue à l’époque par d’autres marques, comme Douglas), celui-ci était nommé M2B15. Il sortait 6,5 chevaux pour une cylindrée de 500 cm³. Vendu en tant que bloc seul, ce petit moulin aura connu une carrière honorable en motorisant plusieurs motos, comme la Victoria KR1 qui faisait des malheurs en compétition en étant devant les références de l’époque, NSU et Wanderer, (avec pour la petite anecdote, l’ingénieur même de la KR1, Martin Stolle, au volant de cette dernière), remettant ainsi ce constructeur sur le devant de la scène.

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D’autres avaient suivi l’exemple et aussi décidé de se servir chez BMW. Helios, Bison, ou même Douglas qui était de base la référence du flat twin. Le succès était là et BMW avait devant, un tas d’exemples et de modèles pour savoir comment à partir de ce simple moteur, évoluer en franchissant un nouveau cap. Friz allait pouvoir concrétiser son ambition de toujours.

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BMW R32

Quelques années après la mise sur le marché des petits moteurs BMW, Friz avait avec son équipe d’ingénieurs, la possibilité d’observer comment la mécanique qu’il avait conçue se comportait. Avec une vue sur différentes motocyclettes, en pouvant tirer de tout ça les éléments à exploiter et les choix à prendre.

Par exemple, Helios avait monté le moteur en position transversale sur ses bécanes et avait un refroidissement peu optimisé… Ou même Stolle, qui suite à une dispute, avait lancé une autre moto, la KR2, avec un moteur à soupapes culbutés… En quittant l’équipe BMW. Dans ce contexte le tri s’était fait et le projet de faire une moto BMW complète était là.

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Sous une mécanique évoluée, cette moto allait toujours utiliser un bicylindre à quatre temps, mais doté d’un carter humide et d’une lubrification révolutionnaire, par rapport aux autres constructeurs de moto qui utilisaient généralement un système de graissage à perte totale. Niveau boîte, remarquant probablement des chaînes qui sautaient et une usure trop importante chez la concurrence, BMW allait utiliser un arbre de transmission pour passer la puissance à l’arrière.

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La BMW R32 est une grande réussite !

Le résultat donnait 8,8 chevaux, un carburateur 22 mm (la spécialité de Friz quand on repense à ce dont il avait été capable dans l’aviation), une boîte trois rapports, une injection Bosch et 494 cm³ de cylindrée, le tout dans une configuration où chaque cylindre était sur un côté de la moto, pour avoir un refroidissement optimal. Moins haute que les Victoria KR1 / KR2, elle avait une ligne très innovante pour l’époque. Elle allait être présentée sous le nom de R32 en 1923 au salon de Paris, en étant très rapidement admirée de tous.

Fiable, avec un refroidissement par air, un allumage par magnéto et une conception simple (les premières motos BMW n’avaient même pas de freins avant), la R32 rencontrera un immense succès en se vendant à plus de 3000 exemplaires. Véritable référence d’ingénierie, elle inspirera les constructeurs du monde entier sur le principe mécanique et aura su résister au temps. La combinaison flat twin et transmission par arbre étant toujours utilisée par BMW de nos jours.

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