Il y a quelques concepts-cars qui furent longtemps restés secrets, puis BMW décida d’en dévoiler certains, comme cette ZBF 7er. Imaginée en 1996, cette étude se voulait être un véhicule de luxe, au-dessus de la Série 7, bien avant l’acquisition de Rolls-Royce.
La ZBF 7er incarnait l’idée du grand luxe des années 90
BMW Group Classic met en lumière, sur sa chaîne YouTube, des concepts et prototypes longtemps restés cachés. On a ainsi découvert bien des années après leur date de concept des voitures comme le prototype Série 8 E31 cabriolet, ou le X5 Le Mans. Avant que la Série 7 actuelle ne soit liftée pour adopter un style de la Neue Klasse, revenons sur ce concept du milieu des années 90. La ZBF 7er devait incarner l’avenir du luxe, et il y est parvenu à bien des égards. Pourtant, ce n’est pas ce que l’on remarque en premier.
Non, le premier élément qui frappe reste l’un des sujets les plus controversés du design de certaines BMW actuelles : sa calandre. Impossible de l’ignorer : ce double haricot allongé semble incongru, même s’il reste plus petit que celui des dernières Série 4, M3 et iX. Le fait que ce style ait plus de vingt ans ne change rien à la perception. Mais cela prouve que BMW y songeait déjà, il y a presque 30 ans. Cette calandre démesurée des dernières productions n’était donc pas une lubie du moment.
Malgré la présence des phares ronds sous verre qui deviendront plus tard une signature du design BMW, le concept se distinguait par deux projecteurs intérieurs nettement plus grands. Associés à une calandre massive et proéminente, surmontée d’un badge V12, ils conféraient à la ZBF l’allure noble d’une berline de grand luxe, évoquant une Rolls-Royce, bien avant que BMW ne rachète la prestigieuse marque britannique.
Des idées du futur, pas encore totalement démocratisés
Comme toujours, les concept-cars sont des études de travail, de style et de technologie. Ces laboratoires roulant servent parfois à prendre la température auprès du public, ou y tester des nouvelles technologies. La ZBF 7er ne déroge pas à la règle avec quelques innovations bien pensées pour l’époque. Certaines d’entre-elles sont présentes déjà en production, d’autres pourraient le devenir. Les rétroviseurs sont remplacés par des caméras, une technologie aujourd’hui courante en Europe mais encore interdite aux États-Unis. Elle disposait également des poignées de portes affleurantes. La berline est aussi bien plus grande que la Série 7 du milieu des années 1990, confirmant la tendance au gigantisme automobile.
« ZBF » est l’acronyme allemand de zukünftige BMW Familie (future BMW familiale), a expliqué Joji Nagashima, designer légendaire de BMW, impliqué dans ce projet ainsi que pour les E39 (Série 5) et E36 (Série 3). Ce modèle faisait partie d’un groupe de concepts comprenant aussi des esquisses pour les futures Séries 5 et 3. Son style extérieur évoque la Série 7 E65, lancée en 2001, elle était aussi bien plus imposante que la Série 7 E38 contemporaine, annonçant la direction prise par sa remplaçante.
Ce design visionnaire prit vie sous la forme d’une maquette non roulante, incarnant l’audace de Nagashima pour une Série 7 de nouvelle génération, dépassant les limites connues des berlines de luxe. L’ambition ne s’arrêta pas là : en 1996, une seconde version vit le jour, cette fois en prototype fonctionnel. Celui-ci séduisit tant Wolfgang Reitzle, alors patron du développement BMW, qu’il exprima l’envie de l’emmener faire un tour… jusqu’à son club de golf.
La première esquisse de l’iDrive
La voiture repose sur des pneus sur mesure fabriqués par Dunlop, avec des sculptures dessinées à la main par Nagashima. À l’époque, la taille maximale disponible commercialement était de 19 pouces, mais les designers voyaient plus grand. C’est ainsi qu’elle repose sur des jantes de 20 pouces réalisées sur mesure. Sa carrosserie est elle aussi assemblée à la main, chaque panneau étant façonné en aluminium martelé à la main selon la grande tradition artisanale.
Malgré ses techniques de fabrication issues du passé, la ZBF 7er intégrait des technologies d’avenir : une première version de l’iDrive rotatif que l’on retrouvera dans les modèles post-2000. Mais il y avait également des ordinateurs portables pour les passagers arrière. L’habitacle rompait lui aussi avec la tradition du tableau de bord orienté vers le conducteur. C’est cette philosophie de console centrale « à plat » avec l’écran d’infodivertissement partagé pour tous qui demeura sur les modèles d’après 2000. On constate également la disparition du frein à main, devenu électrique et automatique comme la future Série 7 E65. Ce style radicalement novateur positionnait la ZBF non seulement comme l’héritière de ses prédécesseurs, mais aussi comme l’annonciatrice d’une hypothétique Série 9 futuriste.
En somme, la ZBF 7er reste un concept fascinant, truffé de luxes avant-gardistes que nous connaissons aujourd’hui. Avec le recul, on sait aujourd’hui qu’une Série 9 n’aurait pas forcément trouvé sa place sur le marché. Puis, le groupe BMW trouva dans Rolls-Royce une offre grand luxe pour des routières supérieures à la Série 7.