Jean-Michel Juchet (ancien directeur de la communication internationale chez BMW), nous parle de sa propre expérience avec les BMW M3 E30 et E36.
Indétrônables BMW M3 E30 / E36, par Jean-Michel Juchet
Jeune chef des services promotions, événements et compétition à partir de 1990, j’ai eu la chance de rouler dans les derniers modèles de la E30, dont la M3 qui venait d’être couronnée pour la deuxième fois championne de France des Rallyes avec Francois Chatriot, et remporter le Rallye de Corse en Championnat du Monde avec Bernard Beguin.
Outre ces succès impressionnants en Rallye, la M3 E30 avait accumulé le plus gros palmares de l’histoire sur circuits. Elle s’imposait régulièrement face à l’armada des Audi, Alfa Romeo, Mercedes, Opel. La liste des titres mondiaux, européens et nationaux est trop longue pour être détaillée ici. Autant dire que la définition de la première M3 était comme on dit à Munich : un « Volltreffer »…. En plein dans le mille !
Sous le capot, la Sainte-Cathédrale du 4 cylindres !!!!
Le 4-cylindres conçu par le sorcier Paul Rosche s’est avéré d’emblée le meilleur au monde dans sa catégorie. En effet, il revendiquait une puissance spécifique proche des 100 ch/l de cylindrée en version série. Il bénéficiait également d’une courbe de couple très remplie. C’était notamment le cas dans sa version d’homologation 500 ex. de 1988 dite M3 Evo II. 220 ch DIN. Le tout sur la base 2,3l sans catalyseur et 245 Nm de couple. Et pour un poids légèrement inférieur aux 1 200 kg de la version standard grâce à des allègements sur le pare-chocs et les vitres.
C’est cette version qui attira mon attention de collectionneur lorsque j’en ai débusqué une après des années de recherche. Un modèle anglais qui ne se distinguait des européennes que par son compteur gradué en miles et non en kms. Importé en Allemagne et restauré en 2012 avec environ 135 000 km d’origine. Ma couleur de rêve : Nogaro Grau, sièges sport cuir/tissus écossais gris clair et full options. A peine vu l’annonce j’ai foncé à Stuttgart ou la belle était à vendre (rodage musclé d’une M5 Pack Compétition au passage). Et donc, réservée sur place avant que les autres candidats se présentent. Très vite la belle se retrouva à Paris après quelques péripéties qui me permirent de tester le professionnalisme et l’amabilité de la Concession de Metz dirigée alors par Sylvain Lucati !
Du plaisir de conduite… en version sportive !
La M3 Evo incarne le plaisir de conduire dans sa dimension la plus radicalement sportive ! Extremement légère et maniable, parfaitement équilibrée et menée par ce moteur de rêve. Ce dernier pousse avec une grande linéarité jusqu’à 7500 tr/mn. Offrant ainsi un contrôle incroyable sur petites routes sinueuses. Je dirais même qu’elle est facile à conduire vers la limite, contrairement à certaines 911 contemporaines…Impossible de la mettre en défaut ! Les routes de montagne sont son royaume, et un régal permanent à attaquer !
Sur autoroute, ou plutôt Autobahn, elle assure des reprises phénoménales à haute vitesse pour une si petite cylindrée. Croiser entre 160 et 240 km/h se faisait dans une grande décontraction. Et au prix d’une sonorité très présente de voiture de compétition et d’une certaine fermeté de suspension. Logique pour une pure sportive…
La cerise sur le gâteau est le sublime moteur dont la culasse et la boite à air sont peintes aux couleurs M sur fond blanc. Les 500 exemplaires de cette évolution étaient les seuls à recevoir cette peinture de guerre ! Il est évident que la nostalgie de mes kilomètres accumulés en 1990 avec la M3 E30 m’avaient motivé á retrouver celle-ci en 2012… Mais j’ai eu aussi la chance de rouler 20 000 km en M3 E36 en 1998 et découvrir cette fois le meilleur 6 cylindres en ligne de l’époque. Le premier à dépasser les 100ch par litre de cylindrée avec un couple monstre grâce à la technologie du Vanos/double Vanos.
M3 E36, l’appel des courbes rapides !
L’attrait des Alpes a été irrésistible : cap sur le Tyrol italien, les Dolomites et les routes des grands cols. Exactement là où la M3 se montrait sous son meilleur jour. L’incroyable souplesse du 6 cylindres faisait merveille. Je retrouvais la facilité de mener la bête vers ses limites que j’avais déjà connu avec la E30. Mais avec la souplesse et le confort en plus. La E36 établissait de nouvelles références en terrassant littéralement les Ferrari et Porsche de son époque ! J
’ai poussé jusqu’à la Corse pour m’offrir de véritables spéciales de rallye sur des routes désertes de ma connaissance… Une véritable symphonie automobile ! Inutile de dire que l’autoroute (Allemande toujours…) s’avalait aisément au limiteur à 260 km/h. Avec juste la frustration d’en avoir encore beaucoup sous le pied…
Tout cela pour dire que je me suis résolu à vendre ma belle Evo II en 2023 après 10 années de rêve. On en retrouve les essais dans Sport Auto (comparatif vainqueur face à la Mercedes 2.5 16 Evo et sur Auto-Moto par Jérôme Barconnière).
Difficile de s’en séparer !
Ma colonne vertébrale m’a recommandé de la revendre à un ami très passionné. Le chef du design Rolls-Royce, elle est donc en de bonnes mains… La suite logique a été une M3 E36, plus confortable pour mes lombaires et discrète que la E30… La chance a voulu que je tombe sur une première main de 1993, donc la 3.0 litres 286 ch. Ma couleur de rêve : Avusblau et cuir gris clair avec fins marquages aux couleurs M. Peu kilométrée malgré ses 31 ans, elle se conduit quasiment comme une voiture neuve. Après la M3 Evo II sportive pure et dure, celle-ci s’apparent plus à une Grand Tourisme très rapide, et capable de rouler sur des étapes de 1 000km sans effort.
Plus lourde que la E30, elle maitrise pourtant les lacets des routes de cols avec aisance et dans une sonorité grave qui ne doit rien à un turbo mais vous emmène au paradis de BMW M ! Je vois venir la question : finalement laquelle préfère-je ? Et bien les deux évidemment, elles sont tellement complémentaires ! En fait, il y en a une troisième, celle qui fut ma première voiture de fonction début 1990, la glorieuse 325 iS mais c’est une autre histoire…
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