Lors du prochain IAA Mobility à Munich (9-14 septembre), BMW dévoilera son iX3, premier modèle de la Neue Klasse. Un modèle important pour la firme allemande qui introduit une toute nouvelle plateforme électrique et ambitieuse.
Un grande autonomie, la promesse de la Neue Klasse
Le futur iX3 sera le premier d’une série de 40 modèles inédits ou restylés, dotés d’un logiciel avancé, d’ordinateurs puissants et d’un design repensé. Pour BMW, la rapidité est essentielle face à la concurrence chinoise, plus rapide que Tesla. Ainsi, dans les deux ans suivant la sortie de l’iX3, cette nouvelle technologie sera généralisée à toute la gamme. « C’est l’investissement le plus important de notre histoire », confie le PDG Oliver Zipse. Le secteur auto traverse de fortes turbulences. Les droits de douane imposés par Donald Trump bouleversent les chaînes d’approvisionnement. Pendant ce temps, BYD et Xiaomi séduisent la Chine avec des modèles abordables et technologiques. Pourtant, BMW maintient le cap avec sa stratégie Neue Klasse, un nom déjà porteur de succès dans les années 1960.
Les premiers retours sont élogieux. Pour l’analyste Stephen Reitman, BMW reste le « Wayne Gretzky (NDLR : joueur canadien considéré comme le meilleur de l’histoire du hockey sur glace) de l’automobile », anticipant toujours le marché. Zipse, à la tête du groupe depuis 2019, veut éviter l’erreur du passé : lorsque la Model 3 surpassait l’i3 en autonomie, taille et recharge. L’iX3, produit en Hongrie, promet jusqu’à 800 km d’autonomie WLTP et une recharge 400 kW. Tesla, avec le Model Y, se limite à 622 km et 250 kW. « Ce sera la référence de l’industrie », affirme Zipse. La Neue Klasse prouvera que BMW « sait construire de meilleures électriques, et le marché devra répondre ».
Ne pas être un « suiveur »
Pour une industrie bouleversée par la rapidité des constructeurs chinois, dépassant même Tesla, BMW prépare un déploiement accéléré. Bien sûr, le PDG de 61 ans rappelle qu’un modèle de référence doit avoir un business model solide. Certains éléments de la Neue Klasse sont conçus uniquement pour les électriques, un segment en croissance mais encore limité. Pour chaque BEV livré au premier semestre, BMW a remis quatre véhicules thermiques ou hybrides, toutes marques confondues.
Pour réduire les coûts de composants comme les quatre ordinateurs gérant infodivertissement, conduite assistée ou climatisation, BMW intégrera ce nouveau système numérique à toutes les motorisations. Ces « super-cerveaux » offriront vingt fois plus de puissance que l’ancien système. Le logiciel a été développé via six pôles mondiaux, créés grâce à de petites acquisitions et implantés au Portugal, en Afrique du Sud, en Chine, en Inde, en Roumanie et aux États-Unis. Ensemble, ces sites emploient environ 5 000 spécialistes logiciels et informatiques.
Se méfier de l’offensive chinoise
Malgré le potentiel de la Neue Klasse, son succès dépendra de la position de BMW face à la concurrence chinoise. Les ventes combinées BMW et Mini en Chine ont chuté de 15 % au premier semestre, après -13 % en 2024. Dans ce marché qui bascule vite vers l’électrique, les marques locales inondent les concessions de modèles bon marché. « Certains segments ne permettent pas de rentabilité », admet Zipse. « Si ce n’est pas rentable, nous nous retirons. » Il juge qu’il serait une grave erreur pour BMW ou l’Europe de se couper de la deuxième économie mondiale.
« La Chine a une telle compétence, innovation et avantages par sa taille et son échelle qu’on ne peut l’ignorer », insiste-t-il. Grâce à la demande stable pour ses modèles thermiques rentables, BMW est mieux positionné que Volkswagen ou GM en Chine. Néanmoins, il faut changer la perception que les marques occidentales sont en retard sur le logiciel et les batteries. L’iX3 devra se mesurer à la Tesla Model Y vendue dès 263 500 yuans, ainsi qu’au Xiaomi YU7 à 253 500 yuans, qui a enregistré 289 000 commandes en une heure. BMW facture son X3 fabriqué localement à partir de 350 000 yuans.
Pour séduire le marché, BMW a intégré WeChat, un app store local, et place la Chine en tête pour les innovations. L’an prochain, les premiers modèles équipés d’IA conversationnelle via DeepSeek y seront lancés.
Profiter du créneau laissant vacant…
La Neue Klasse profite aussi de la vulnérabilité de Tesla. Interrogé sur l’impopularité de Musk en Europe, Zipse préfère éviter la critique frontale, mais glisse un commentaire sur l’image de marque. Selon lui, BMW se concentre sur des produits que les clients sont fiers de conduire sans devoir se justifier. Il souligne : « Tout ce que vous faites est observé et impacte la réputation de votre entreprise. » Il estime aussi que Tesla a largement profité des réglementations américaines favorisant les électriques. Les constructeurs en retard ont acheté pour des milliards de crédits réglementaires, faisant de Tesla le grand bénéficiaire.
Aujourd’hui, ces revenus sont menacés. Trump a annulé en juin le programme californien imposant plus de ventes de véhicules zéro émission, puis supprimé en juillet les pénalités fédérales pour non-conformité aux normes de consommation. En juin, BMW a invité une vingtaine de journalistes à Miramas, en France, pour tester les prototypes iX3 sur routes et piste.
Redéfinir le « plaisir de conduire »
Les essais ont mis en avant la suspension hydraulique et le stationnement automatisé. BMW tenait à préserver le plaisir de conduite, symbole de la marque. Les ingénieurs ont conçu un système qui accélère freinage, récupération d’énergie et direction. Paul Horrell, de Top Gear, a salué un confort supérieur même à celui des Rolls-Royce en ville. Par rapport au SUV électrique iX, l’iX3 absorbe mieux les bosses et reste stable.
Les aides à la conduite progressent : là où l’iX se désactive vite dans les virages serrés, l’iX3 anticipe et avertit plus tôt. Sur routes mouillées et sinueuses, la motricité s’ajuste presque sans qu’on le remarque, même à haute vitesse.
La production commencera en fin d’année en Hongrie, avant un déploiement en Chine, au Mexique, aux États-Unis et à Munich. Transformer l’usine historique bavaroise est complexe : certaines zones sont démolies pendant que d’autres produisent encore Série 3, Série 4 et i4.
Dès 2027, Munich deviendra le premier site existant du réseau BMW à produire exclusivement des électriques, tournant la page de 75 ans de moteurs thermiques. Le mandat de Zipse se terminera l’an prochain. Son successeur devra mener la Neue Klasse pour que ses électriques représentent la moitié des ventes d’ici 2030. Malgré les tensions commerciales, Zipse reste serein : « Cette discussion sur les droits de douane est largement exagérée. Ce qui compte, c’est l’attractivité des produits. »