Il est difficile de définir la meilleure génération de BMW M5. Les puristes ne s’accordent jamais sur celle qui remporte tous les suffrages. Quant à BMW, dès la conception de la E39, on l’imaginait avec un V6.
La M5 E39 a failli avoir un simple V6
La E39 est née peu après que BMW ait envisagé de supprimer la division M aux États-Unis. Cette génération introduisit le V8 atmosphérique sous son capot, fort de 400 ch. Avec son allure de passe-partout mais ses performances redoutables, elle acquit ses lettres de noblesse. Cependant, son héritage est d’autant plus fascinant qu’il a failli être radicalement différent.
En effet, lors de son développement, BMW a sérieusement envisagé de l’équiper d’un six cylindres turbo ou, plus étonnant, d’un V6. Finalement, cette version n’a jamais dépassé le stade des croquis. Heureusement, selon de nombreux puristes, après avoir connu les joies de ce V8. Au moment de concevoir la E39 M5, BMW North America doutait de continuer à vendre des modèles M aux États-Unis. La M5 E28 avait été un succès, contrairement à la E34, qui avait suscité peu d’enthousiasme. Le doute était donc permis, mais l’ironie veut que quelques années plus tard, les USA sont le meilleur marché des modèles M.
La M3 a sauvé la carrière de la M5 aux USA
Alors que BMW North America était plongé en pleins doutes pour sa M5, la M3 E36 donnait de meilleurs espoirs. En effet, après un accueil un peu froid pour la M5 E34, la M3 E36 inversa la tendance. Cela a conforté l’engagement de BMW envers ce marché, et relancé le projet d’une E39 M5 pour l’Amérique. C’est BMW North America qui retrace cette histoire dans sa saga dédiée aux 50 ans de leur présence aux USA. C’est Karlheinz Kalbfell, alors patron de BMW M, qui avait envisagé un six en ligne turbo et même un V6.
Rich Brekus, responsable produit à l’époque, raconte : « Kalbfell croyait que l’âme de BMW résidait dans le six cylindres en ligne. » En interne, personne ne voulait que le V8 devienne l’image de BMW. « Il voyait le V8 comme un moteur américain, trop gros, trop gourmand. » Mais personne ne parvenait à surpasser le S38, déjà utilisé sur la E34. Le moteur six cylindres de 3,8 litres avait ainsi atteint ses limites techniques. Et donc, BMW savait qu’un nouveau moteur était nécessaire. Alex Hildebrandt, chef de projet de la E39 M5, évoque les pistes étudiées.
Le difficile choix de la motorisation…
Il s’agissait d’introduire donc, un six cylindres turbo, ou alors un V6. Mais aucune de ces options n’était idéale, ni économiquement, ni techniquement. D’autant que le V6 n’est pas ce qui représente la firme bavaroise, donc une autre solution s’imposait. Créer un nouveau « six en ligne » performant aurait coûté très cher. Et ce pour une production estimée entre 2 000 et 3 000 unités par an.
BMW a confirmé avoir exploré la piste d’un V6, pourtant hors norme pour la marque. Hildebrandt précise : « Ce projet a été abandonné, mais nous avons perdu deux ans de développement. » Finalement, Kalbfell a admis que le V8 était la meilleure solution technique, et qu’il correspondait aussi parfaitement au caractère de la voiture. Hildebrandt ajoute : « Nous voulions une sportive pour gentlemen. Le V8 s’est imposé comme un choix naturel. »
C’était aussi le seul moyen de respecter des délais raisonnables. BMW était déjà en retard de deux ans sur son calendrier classique. Pour créer ce V8, les ingénieurs sont partis du M62 : ils ont augmenté la cylindrée, modifié l’admission et amélioré le graissage. Un système à double papillon et un régime moteur plus élevé ont été adoptés. Le résultat : un moteur fluide, linéaire, parfaitement adapté à la M5.
Avec le recul, ce choix s’est révélé judicieux car le S62 reste l’un des moteurs les plus emblématiques de BMW. C’est lui qui a forgé l’identité de la M5 E39, et bien des années après, il continue encore d’influencer la vision d’une berline sportive.
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