La compétition avait besoin d’un modèle homologué
Cette dynamique incita BMW North America à imaginer une version course-client de la M3 E36. L’idée : courir en IMSA « showroom stock » avec très peu de modifications. « La M3 a tous les atouts », expliqua Erik Wensberg, alors responsable Motorsport. « Produisons une version allégée destinée directement aux clients. » Il demanda à Munich 100 exemplaires dépourvus de radio et de climatisation, avec des portes aluminium et une transmission finale plus courte. BMW accepta.
Ainsi naquit la M3 Lightweight, allégée de 102 kilos, ce qui permet également de compenser sa perte de puissance. En effet, elle n’affichait que 240 ch, soit 46 ch de moins que la première M3 E36. Son prix, en revanche, monta à 49 000 dollars. Ce surcoût servait à financer le programme compétition de BMW NA. Mais la production prévue pour l’automne 1994 prit du retard. En novembre 1994, Wensberg apprit que les voitures ne seraient livrées qu’en octobre 1995. Il obtint toutefois dix pré-séries début 1995. Une onzième suivit en avril, avant 115 exemplaires de série produits entre août et octobre. Mais la saison IMSA était déjà terminée. Le modèle fut un désastre. Peter Moore, directeur des ventes, déclara : « Erik, le Lightweight est un fiasco total. Je dois mettre de l’argent dans chaque coffre juste pour m’en débarrasser. Ne me parle plus de modèles spéciaux. »
Pour écouler les voitures, BMW offrit des rabais massifs. Les coffres contenaient même des pièces de course livrées séparément. Un grand aileron, un carter Motorsport et une pompe à huile spéciale accompagnaient chaque voiture. Cependant, ces éléments n’étaient pas homologués. Pire encore, l’aileron masquait le troisième feu stop. Leur installation annulait la garantie, ce qui refroidissait de nombreux clients. Ces problèmes, combinés aux retards, transformèrent le Lightweight en échec cuisant. BMW NA perdit l’envie de développer d’autres séries spéciales.
BMW n’abandonnera pas l’idée, mais changera sa stratégie
Pourtant, le modèle devint culte plus tard grâce à Paul Walker, qui en posséda plusieurs dans Fast & Furious. Quelques années plus tard, BMW NA imagina une nouvelle stratégie. Les performances seraient intégrées sous forme de packs optionnels abordables. En 1999, la 740i Sport inaugura cette approche. Malgré des réticences en Allemagne, le pack connut 40 % de succès. Fort de cet engouement, BMW NA lança en 2003 la 330i ZHP. Ce pack coûtait 3 900 dollars et transformait la voiture. Il ajoutait jantes M de 18 pouces, Alcantara, kit aérodynamique et levier court. Une teinte exclusive Imola Red complétait l’offre. Proposé à bas prix, ce pack séduisit massivement. Tellement que BMW NA l’étendit aux coupés et cabriolets 330Ci.
La passion des clients pour la 330i ZHP fut incroyable. Toutefois, son succès ne compensait pas l’absence de la M3 CSL. Conçue par Burkhard Göschel, cette version ultra-légère utilisait matériaux composites et toit carbone. Non homologuée aux États-Unis, elle coûtait 96 000 dollars. Malgré cela, BMW NA chercha à adapter ses atouts à la M3 américaine. Ainsi, naquit la M3 E46 ZCP en 2005. Facturé 4 000 dollars, ce pack reprenait les jantes CSL de 19 pouces, pneus Michelin Sport et freins flottants. Le succès fut tel que BMW proposa ensuite ce pack sur d’autres M dans le monde entier. Cinq ans plus tard, une autre édition marqua les esprits.
Les versions spéciales enfin plébiscitées aux USA
La 335is reprit en 2011 le suffixe « is » des années 1980 et 1990. Elle ajoutait sièges sport, suspension renforcée et spoilers. Surtout, elle conservait le moteur biturbo N54, poussé à 320 ch avec overboost. Une vraie sportive. Entre 2011 et 2012, 4 500 exemplaires furent vendus, sans compter les Z4 35is et la 1M. Ces séries spéciales soutenaient les ventes. La crise de 2008 avait ralenti le lancement de la M3 E9X. Pour relancer l’intérêt, BMW multiplia les éditions limitées.
Certaines furent réservées à des marchés précis, comme la Tiger Edition en Chine ou les Pure Edition en Australie. Aux États-Unis, 30 clients achetèrent en 2010 une M3 Frozen Grey, mêlant peinture mate, pack Compétition et intérieur bicolore. Mais la plus marquante resta la M3 Lime Rock Park de 2013. Conçue avec Skip Barber, elle honorait un circuit mythique. Produite à 200 exemplaires, elle arborait échappement Inconel, pièces carbone, volant Alcantara et couleur Fire Orange inspirée de la GTS européenne. Proposée 70 350 dollars, elle coûtait 7 500 de plus qu’une M3 standard. Aujourd’hui, elle vaut presque le double.
De même, une M3 Lightweight atteint cinq fois son prix initial. Ces modèles rares séduisent toujours les passionnés et conservent leur valeur. Au fil des décennies, BMW NA a enrichi son offre spéciale. Mais certains modèles, comme la 3.0 CSL, restent interdits. Toutefois, BMW a proposé la M4 GTS aux États-Unis en 2016. Aujourd’hui, les versions CS de M2 à M5 complètent l’offre.

new M3 Edition

