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Oncle Pat : 318 TI, « L’esprit de la 2002 »

23 cm de moins que la berline ! En 1994, BMW dévoilait une Série 3 E36, ici en 318 ti, plus courte que la classique version 3 volumes. Réduite à 4,20 m, la Compact était bien plus qu’une simple Série 3 raccourcie pour le constructeur bavarois

Dans le passé, BMW avait déjà tenté d’offrir des modèles plus accessibles comme la 1502 trop proche de la 1602 pour susciter l’intérêt. En 1994, avec la Compact, BMW alla beaucoup plus loin puisque la Série 3 se transformait en voiture deux volumes à hayon un peu à l’image des anciennes Touring. Conçue dans le sens de l’économie afin d’abaisser son prix de vente, elle reprenait l’ancienne suspension arrière des E30, le style de sa planche de bord lié à une finition plus légère. Grace à un tarif abaissé de 15 % en moyenne, malgré un prix encore supérieur, elle se posait en concurrente directe des Golf, R19 ou ZX.

On se doute, qu’aujourd’hui, elle suscite bien moins d’intérêt qu’une M3 auprès des collectionneurs, qualifiée souvent de BMW au rabais. Si en version 1600 cm3 102 ch ce n’est pas la plus excitante de la bande, en version TI à moteur 1800 cm3 16 soupapes de 140 ch, mécanique dévoilée sur la 318 IS en 1989, c’est une voiture digne d’intérêts qui gagne à être connue et reconnue.

Plus pugnace

J’avais pu rouler une semaine entière au volant d’une 318 TI de teinte rouge agrémentée de quelques options qui faisaient exploser le prix de base comme toutes les BMW d’alors. Physiquement, elle m’avait séduit avec son physique plus râblé que celui de la Série 3 tricorps dû à ses porte à faux hyper-courts autant à l’avant (c’est l’ADN des BMW) qu’à l’arrière ce qui était nouveau. Chaussée de série de roues de 15 pouces assez épaisses en alliage qui la posaient mieux au sol, avec sa silhouette plus massive, la 318 TI dégageait plus de pugnacité.  Ce qui ne l’empêchait pas de se révéler être une vraie familiale avec un hayon pratique à charger lié à une banquette repliable et un coffre au volume honnête malgré la hauteur de la transmission aux roues arrière.

Dans l’habitacle très sombre, bien maintenu dans ses sièges sport enveloppants, avec son bref levier de vitesses, son volant cuir, on se sentait dans une vraie béhème sportive. Un peu l’esprit des 2002 des seventies qui m’avaient tant fantasmer dans ma jeunesse. Elle m’avait beaucoup fait songer à la 2002 Tii Touring d’un copain avec laquelle j’avais roulé, autant par son esthétique que par sa sonorité. En effet, son 4 cylindres 16 soupapes distillait une sonorité rauque assez sourde qui donnait le sentiment fugace qu’on pilotait une anciennes M3 4 cylindres E30 essayée en Corse avec Bernadini lors de l’essai de la Z1 (une prochaine fois).

Belle sonorité grave

Un moteur qui m’avait déjà séduit 5 ans auparavant sur la 318 IS était toujours aussi agréable à vivre. Plein à tous les régimes grâce à sa fameuse admission différenciée dont les tubulures changeaient de longueur selon la pression sur l’accélérateur.

Lorsqu’on mettait les gaz, ce petit 1796 cm3 avait de la santé puisque la 318 TI avalait le 1000 mètres en 31 secondes et pointait son double haricot à 210 km/h. Une vitesse honorable mais pas exceptionnelle car c’était encore le temps des GTI 16 soupapes qui délivraient de 140 à 160 chevaux style Golf GTI 16 V ou 306 S16. Je me souviens que des confrères sportifs avaient critiqué son train arrière car la TI était chaussée du train des E30 à triangles obliques alors que la E36 avait reçu un train arrière multibras mieux guidé.

Hélas, à cause d’un excès de boulot, et du temps hivernal, ma 318 TI de prêt resta surtout sur le parking de mon journal. Sur autoroutes, je n’en vis pas la différence et les quelques routes mouillées voire neigeuses empruntées m’avaient incité à la plus haute prudence en sachant que les Série 3 autant E30 que E36 en bonne propulsion n’offraient pas l’adhérence d’une traction. En revanche, le freinage confié à 4 disques m’avait rassuré, la commande de boîte m’avait ravi (au lit) même si la direction assistée n’était pas aussi précise qu’espérée tandis que sa consommation apparaissait notoirement moins élevée que celle du  6 cylindres d’une 320.

Future de collection

Si son tarif de 137 000 francs restait raisonnable pour une BMW, c’était encore le temps où il fallait rajouter des options (clim) mais la TI n’était pas si mal équipée. Épaulée plus tard par une version 6 cylindres nommée 323 TI bien que sa mécanique soit celle de la 325, la Compact E36 ne rencontra pas le succès espéré. Trop proche de la vraie Série 3 certainement. D’où la E46 qui la remplaça avec une silhouette encore plus différenciante et qui servit de lien avec la Série 1. Une vraie Béhème à part entière. Aujourd’hui, si la 318 E30 IS commence à voir ses prix s’affoler ce n’est pas le cas de la 318 TI E 36 (de 2000 à 5000 euros). C’est pour cette raison qu’elle est une youngtimer à acheter, à conserver et à aimer !

Patrice Vergès

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