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Oncle Pat : BMW Série 7 E23, double personnalité

J’ai beaucoup roulé en BMW Série 7 E23, une 728 I, au début des années 80 pour la simple et bonne raison que le directeur de mon canard en possédait une et que nous avons effectué de longs trajets ensemble. Moteur !

C’est aux 24 Heures du Mans 1977 que j’ai découvert la nouvelle Série 7 (E23) que BMW dévoilait en avant-première. A cette époque, je rêvais de m’acheter une Mercedes Classe S 280 SE d’occasion encore bien trop chère pour mon budget de journaliste. Très franchement, à la silhouette assez pure de cette berline de standing, je préférais la massivité et l’ostentation chromique de la voiture à l’étoile.

De la 730 à 728

Les débuts de la Série 7 furent difficiles sur notre marché principalement à cause de sa fiscalité. D’abord proposée en 730 3.0L et 733, ses 16 et 18 CV fiscaux en faisaient une voiture difficile à vendre à grosse de la grosse et coûteuse vignette. BMW rectifia le tir avec une 728 à carburateur et surtout en revoyant sa gamme en 1979 liée à un nouveau calcul de la fiscalité française. En accueillant le nouveau 2,8 l à injection de la 528 I, la 730 rebaptisée 728 délivrait autant de puissance que précédemment en chutant à 14 CV fiscaux à petite vignette. Affichée près de 120 000 francs plus quelques options (boite à outils 668 francs !) soit  deux fois le prix d’une 320, ce n’était pas une voiture pour ma bourse me contentant d’un coupé Commodore GS/E d’occasion qui buvait comme un charbonnier.

Cette baisse de fiscalité et sa nouvelle motorisation donnèrent au coup de fouet à la 728 qui se vendit beaucoup plus que la 730 à moteur 3,2 l de 197 ch taxé en 18 cv fiscaux (grosse vignette). Depuis le temps, je m’étais fais à sa silhouette opulente appréciant davantage son mufle agressif dans l’esprit de la 323 plutôt que son arrière que je jugeais un peu mollasson. Mais comme je vous l’ai déjà dit plus haut, j’ai pu la découvrir plus longuement pour ne pas dire intimement et mon jugement changea du tout au tout.

Série 7 E23, Luxe raffiné

D’abord je tombais en amour avec son habitacle très raffiné ou tout était bien rangé et avec des matériaux qui ne pliaient pas sous le doigt. Ah la fameuse qualité allemande que nos Françaises n’avaient pas ! Sa belle planche de bord stricte mais esthétique avec sa console inclinée vers le conducteur comprenant une infinité de touches et de boutons signifiant qu’elle devait être équipée d’une foultitude de gadgets, inspirait confiance. J’ai adoré son bref levier de vitesses étonnant sur une aussi grosse voiture, surmonté d’un pommeau en bois qu’on retrouvait sur les contre-portes et la console. Un beau bois vernis à la teinte chaude ! Enfin j’ai chéri la générosité de ses sièges prévus pour des gros gabarits (c’est moi !) recouverts d’un beau velours bleu doux au postérieur au sein d’un vaste l’habitacle.  Chaque parcours que j’ai effectué autant à l’avant qu’à l’arrière avec la 728 (parfois plus de 500 km) fut toujours un vrai régal. Aucune fatigue grâce à un étonnant silence à bord seulement parfois troublé par le vif miaulement des 6 cylindres lors d’un vif rétrogradage.  C’était une machine à avaler l’autoroute. Esthétiquement, j’ai aimé ses gouttières de pavillon déjà carénée, les ouïes d’aération (c’était très rare) pour les passagers assis à l’arrière, la beauté des jantes à déport chaussées de 205 qui était une dimension très respectable quand on sait que ma Commodore était en 175.

ADN sportif

J’adorais la cérémonie du démarrage où les 6 cylindres se mettaient à palpiter dans un superbe bruissement bien plus félin que celui de la Mercedes que j’avais pu essayer et qui m’avait un peu déçu au plan dynamique. Car ma BMW restait une vraie BMW avec un ADN sportif qui ne se démentait pas malgré sa vaste carrosserie longue de près de 4,90 m pour 1700 kilos. C’était le moteur de la sportive 528i qui montait vivement en régime dans un beau feulement. En 1980, une 728 offrait des performances exceptionnelles avec près de 200 km/h en pointe et des reprises très vives grâce aux 5 rapports de sa boîte dont l’inépuisable 3eme se hissait à prés de 160 km/h.  Le directeur de mon canard pilotait bien sa BMW avec laquelle il effectuait des moyennes très élevées ce malgré les nombreux radars qui sévissaient alors. Mais on avait des antiradars type marine payés une fortune mais interdits par la loi qu’on planquait dès qu’on voyait les flics qui en faisaient la chasse.

Non seulement la Série 7 avoinait fort mais elle freinait vite grâce à ses 4 gros disques et surtout elle se tenait bien sur la route portée par ses 4 roues indépendantes. En plus sans être aussi mollassonne qu’une Renault 30, sa suspension était plutôt confortable. Assez économique, il était possible de rouler vite sur autoroute en consommant moins de 14 litres. Bien sûr, l’antipatinage n’existait pas encore mais elle avouait une adhérence bien meilleure sur le mouillé qu’une 323 par exemple certainement à cause de son rapport des masses différent (55/45), et d’excellents pneus (très coûteux) Michelin XDX sans équivalence chez les autres manufacturiers.

En découvrant mieux cette imposante berline sur plusieurs milliers de kilomètres, j’ai mieux compris ce qui distinguait une BMW d’une autre voiture. Bien sûr, une rigueur dans la qualité, d’excellentes performances mais aussi un authentique plaisir de conduite qu’on ne retrouvait pas sur d’autres voitures allemandes emblématiques. Quelques années plus tard, j’ai pu conduire une 745 Turbo qui trottait encore plus fort, mais en conservant les qualités de la 728. Mais c’est une autre histoire…

Patrice Vergès

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